PROJET DE RECHERCHE
Décisions coercitives en Suisse, sous l’angle des normes internationales : placement en famille d’accueil
CONTEXTE
La recherche est la première étude portant spécifiquement sur la prise de décisions coercitives dans le cadre de placement en famille d’accueil dans le contexte suisse, à travers l’évolution des normes internationales. Dans la pratique, les normes internationales ont progressivement créé des cadres et surtout des restrictions à la prise de décisions coercitives, afin de mieux faire respecter les droits des enfants. À ce titre, la recherche a examiné par quelles voies et dans quelle mesure le système suisse contemporain était conforme à ces normes en évolution.
Le système suisse de protection de l’enfance est particulièrement diversifié et fragmenté en raison du fédéralisme à petite échelle , qui a, jusqu’à présent, rendu difficile une analyse et ainsi limité les connaissances nécessaires à toute (possibilité d’) amélioration. La recherche a beaucoup contribué à l’amélioration de la prise de décisions coercitives dans le domaine de la protection de l’enfance du pays.
PRÉSENTATIONS
During a one day symposium, 20 researchers and practitioners* from a number of SNF projects under PNR 76 and other key actors in Switzerland presented their research results and work as noted in the agenda below. Discussions centred on strengths of the Swiss system as well as opportunities for improvement, including lessons from the past and current practices. The final session was dedicated to “brainstorming” how actors can leverage existing efforts and build on this momentum to ensure better alignment with the 2021 CRC Committee recommendations to Switzerland :
(a) Adopt national standards for the quality of alternative care, including for children living with foster families and in federal asylum centres, and encourage their application across all cantons;
(b) Enhance preventive measures to avoid discrepancies in the quality of and access to preventive services between cantons, including prioritizing social measures for families in order to prevent children, in particular those under the age of 3 years, from entering alternative care;
Following the different presentations and discussions, participants identified the following potential areas to reinforce the existing Swiss system by establishing and/or developing research, legal and practical opportunities.Agenda
9h00 Welcome and introductions (Philip Jaffé and Mia Dambach)
9h15 Presentation of SNF Projects : Part 1
Child Neglect: Welfare practice yesterday and today (Margot Vogel Campanello and Susanna Niehaus)
How do children and parents experience child protection? (Aline Schoch and Franziska Schulmann)
Questions and discussion about potential opportunities for reform (30 mins)
10h45 Break
11h00 Presentation of SNF Projects : Part 2
Coercive decisions in Switzerland through the lens of international standards : foster care placements (Laurence Bordier, Cécile Jeannin, Alexandra Levy)
Child protection and foster care: The impact of institutions, funding, and implementation (Michael Marti)
Placements of minors in border regions: Valais and Ticino (Sandro Cattacin)
Questions and discussion about potential opportunities for reform (30 mins)
12h30 Lunch
13h45 Presentation of other related initiatives in the pipeline
PACH – Karin Meierhofer
Valais – Christian Nanchen
CIDE - Roberta Ruggiero and Simon Nehme, Inter-institutional DAS on child protection
CIDE - Elena Patrizi, PhD research on reparations in Switzerland
Questions and discussion about potential opportunities for reform (30 mins)
15h00 Short break
15h15 Group work potential opportunities for moving forward
15h45 Presentation of ideas and discussion about priorities/opportunities
16h15 Wrap up (Mia Dambach)
16h30 End
Potential considerations/opportunities to strengthen the Swiss child protection system
Following the different presentations and discussions, participants identified the following potential areas to reinforce the existing Swiss system by establishing and/or developing :
Research opportunities
- Federal statistics related to all forms of alternative care placements
- Comparative studies at both international and national level on
- residential care placements
- sexual abuse in all forms of care settings
- experiences of children who grew up in care
- roles of gender and creating a better understanding/appreciation on the diversity of families
- Broader funding base for further research (e.g. SNF, COST, etc.)
- Mechanisms for knowledge transfer based on the research to the practitioners
Legal opportunities
- Federal law that has a holistic approach to all child protection measures including OPE
- Federal law on child protection procedures
- Introduction of prevention and family support in Federal provisions
- Family Court
- Framework for the children’s ombudsperson
- Clear provisions that facilitate child participation
Practical opportunities
- A children’s ombudsperson as part of a national human rights institute structure that has adequate powers, resources and legitimacy
- The children’s observatory across all Cantons building on existing structures such as in the Valais
- CAPAs that are transdisciplinary and fully resourced
- Additional specific education for practitioners in contact with children on child protection issues (e.g. teachers, doctors, police) including :
- wide dissemination about the available CAS, new DAS being developed by UNIGE/CIDE, MOOC.ch on children’s rights in Switzerland and Arztzurs
- work to eliminate stereotypes
- matrix to evaluate the risk of danger for the child
- strengthening collaboration between all different actors to avoid working in silos
- Improve the child’s participation through child friendly
- resources that cover the entire procedure, services, roles of different actors and complaint mechanisms
- spaces (e.g. where the child is interviewed, heard etc.)
- tools to improve communication adapted to the child’s age and better consideration of his or her individual needs
- More adequate support for families in terms of costs and services (e.g. promotion of free mediation for parent(s); targeted support for foster families / kinship carers; etc.)
*Final list of participants
- Laurence Bordier
- Sandro Cattacin
- Mia Dambach
- Gaëlle Droz-Sauthier
- Philip Jaffé (remote as in session with the CRC Committee for the beginning)
- Cécile Jeannin
- Alexandra Levy
- Michael Marti
- Karin Meierhofer
- Christian Nanchen
- Simon Nehme
- Susanna Niehaus
- Elena Patrizi
- Daniela Reimer
- Roberta Ruggiero
- Aline Schoch
- Franziska Schulmann
- Margot Vogel Campanello
PUBLICATIONS
Suite à l’adoption de la Loi fédérale sur les mesures de coercition à des fins d’assistance et les placements extrafamiliaux antérieurs à 1981, du 30 septembre 2016, le Programme national de recherche (PNR) 76 "assistance et coercition" a été lancé en 2017. Le PNR 76 "se penche sur les aspects juridiques et sociaux des mesures de coercition à des fins d’assistance en Suisse à la fois dans une perspective historique et en étendant cette étude au présent et à l’avenir." Ce guide se base sur la recherche du PNR 76 axée sur les décisions coercitives en Suisse sous l’angle des normes internationales : placements en famille d'accueil. Il vise à donner aux professionnels des conseils pratiques pour la mise en œuvre des normes internationales relatives à la prise en charge alternative, afin de mieux les équiper dans leur travail quotidien avec les enfants et les familles. Un meilleur alignement sur ces normes internationales permettra de garantir que les décisions de retrait et de placement sont prises dans l'intérêt supérieur de l'enfant. De telles décisions sont intrinsèquement coercitives car elles impliquent une ingérence dans la vie privée des familles. C'est pourquoi les normes internationales prévoient des garanties pour les cas où de telles décisions peuvent être prises, comme la protection des enfants contre les abus. Lorsque les décisions coercitives ne respectent pas ces garanties, elles peuvent entraîner des séparations "non nécessaires" et des placements "inadaptés".
Ce guide fournit des informations sur les principales étapes de la prise de décision, afin d’assurer leur alignement sur les normes internationales et une prévention adéquate des séparations et des placements en famille d'accueil "injustifiés". :
- une description des garanties internationales - des références aux normes internationales - des indicateurs de conformité - des pratiques prometteuses en Suisse et à l’étranger.RÉSULTATS DE LA RECHERCHE
Comme le montre cette recherche, le cadre juridique suisse contemporain relatif aux décisions de retrait et de placement d’enfants en famille d'accueil est aligné sur les normes internationales dans une large mesure et a évolué en conséquence. Cependant, il existe certaines lacunes, auxquelles il est nécessaire de porter attention, qui peuvent conduire à l'exercice indu par l'État de son pouvoir de protection. Les décisions de retrait et de placement peuvent ainsi devenir coercitives de manière "injustifiée" lorsqu'elles ne respectent pas les garanties prévues par les normes internationales applicables ; une situation qui peut être exacerbée par des mécanismes de plainte inadaptés.
Les normes internationales ont progressivement évolué, en commençant par de vagues concepts de recueil et secours des orphelins, dans la Déclaration des droits de l'enfant de 1924. S’en est suivi un encouragement des États à soutenir les familles à risque et la limitation du retrait d’un enfant en bas âge de sa mère à des circonstances exceptionnelles, dans la Déclaration des droits de l'enfant de 1959. Avec le temps, les normes internationales ont continué à clarifier les conditions dans lesquelles la responsabilité de protection de l'État en matière de bien-être de l'enfant pouvait être exercée, avec l'introduction de la Convention relative aux droits de l'enfant de 1989 (CDE de 1989). Cette dernière prévoit que les enfants peuvent être retirés de leur famille dans certaines situations, telles que les abus et la négligence, et placés dans des environnements de prise en charge alternative. Plusieurs dispositions de la CDE de 1989 ont également créé des obligations claires pour les États afin de soutenir les familles dans la prise en charge de leurs enfants. Les lignes directrices des Nations Unies de 2009 ont fourni une approche plus globale des responsabilités des États en matière de soutien aux familles avant toute séparation, qui a été renforcée par la résolution de 2019 de l'AGNU sur les droits de l’enfant. Ces normes internationales ont été complétées par des normes européennes.
La recherche a identifié les domaines suivants à prendre en considération afin de limiter de potentielles décisions coercitives "injustifiées" :
- L'identification d'autres initiatives nécessaires pour s'assurer que les parents sont soutenus dans leur rôle de responsables de la prise en charge de leur(s) enfant(s) afin d'éviter une séparation " non nécessaire ". La recherche a montré que ce soutien n'est pas toujours accessible en raison des coûts et de la disponibilité des services. Les services de soutien qui atténuent les effets de la précarité socio-économique des pères et des mères sont souvent limités. Par exemple, les dispositions légales qui permettent de retirer automatiquement l'autorité parentale aux enfants qui deviennent parents durant leur minorité semblent aller au-delà des pratiques autorisées par les normes internationales (Lignes directrices des NU de 2009, Paras. 36 et 41) au lieu de développer des cadres pour les soutenir.
- Identification de mesures visant à promouvoir de manière proactive la réintégration des enfants dans leur famille lorsque cela est dans leur intérêt supérieur. En l'absence d'un cadre législatif allant au-delà du maintien des contacts et prévoyant des initiatives ciblées favorisant la réintégration familiale, en tenant compte des raisons ayant conduit à la séparation, les décisions coercitives de retrait risquent d’être "injustifiées".
- Examen de la mesure dans laquelle les coûts de retrait et de placement des enfants en prise en charge alternative peuvent potentiellement impacter les décisions coercitives "injustifiées", dans le but d'éviter de possibles abus systémiques.
- Examiner dans quelle mesure les enfants et le(s) parent(s) sont conscients de l'accès aux voies de recours en cas de décisions coercitives "injustifiées" pour les cas postérieurs à 1981. Notre recherche a relevé des indications selon lesquelles des travaux supplémentaires sont nécessaires pour expliquer aux enfants leurs droits en termes d'accès aux voies de recours.
EQUIPE DE RECHERCHE
L’équipe de recherche réunit des chercheurs expérimentés dans le cadre de projets disciplinaires et interdisciplinaires. Ils ont fait leurs preuves en matière de leadership et d’engagement auprès de gouvernements, d’organisations internationales, d’utilisateurs et fournisseurs de services, d’organismes professionnels, de décideurs et de législateurs. Leur force réside dans leur capacité à contribuer concrètement à des améliorations politiques, pratiques, éthiques et législatives. Les membres de l’équipe de recherche interdisciplinaire sont des experts reconnus en matière d’adoption et de placement familial. Ils maîtrisent l’anglais, le philippin, le français, l’allemand et l’espagnol.
Des questions?
Pour les questions d’ordre général, prière de contacter: info@child-identity.org

Christina Baglietto – possède plus de 15 ans d’expérience en matière de protection de remplacement et d’adoption. Elle a de l’expérience dans des contextes de réforme législative, politique, institutionnelle et pratique dans ces domaines. Elle a travaillé dans le domaine du suivi des adoptions illégales au Guatemala, où elle a contribué à la mise en œuvre de nouvelles lois nationales et de normes internationales. Elle a fourni une formation et a développé des SOP (« standard operating procedures ») pour l’équipe multidisciplinaire de l’Autorité centrale. Elle a également contribué à une évaluation des réponses juridiques et politiques apportées aux adoptions en Colombie. Elle a fourni des formations et soutiens techniques, notamment à Chypre, en Haïti, au Honduras, au Mexique, en Moldavie, au Panama et en Roumanie. Parlant couramment l’anglais, le français, l’allemand et l’espagnol, sa solide expérience assurera une approche rigoureuse de la recherche.

Laurence Bordier – est une juriste suisse, titulaire du brevet d’avocat. Après avoir travaillé dans les domaines du droit commercial et des sociétés, elle travaille depuis plus de dix ans dans le domaine des droits de l’enfant, plus particulièrement dans la prise en charge alternative et l’adoption. Elle s’est spécialisée dans la recherche juridique comparative, ayant rédigé plus de 20 analyses de pays, examinant la législation, les pratiques, ainsi que les pratiques prometteuses, avec l’objectif de fournir des outils concrets aux professionnels afin d’améliorer leurs pratiques.

Mia Dambach – avocate australienne au bénéfice de plus de 20 ans d’expérience dans le domaine des droits de l’enfant. Elle a dirigé avec succès de multiples projets internationaux inter-agences. Elle a fourni un soutien technique par le biais de missions d’évaluation (recherche qualitative) au Cambodge, au Danemark, en Égypte, au Ghana, en Côte d’Ivoire, au Soudan, en Ukraine, au Viet Nam, etc., et a participé à la mise en place de réformes législatives et de formations dans plus de 20 pays, axés sur la prise en charge alternative et l’adoption. Elle a contribué à la réforme des normes internationales, en mettant l’accent sur leur application, notamment par le biais de recherches comparatives sur les adoptions illégales, la recherche d’origines, les risques liés aux contributions financières, les conversions de kafalah en adoption et, en tant qu’experte du groupe de travail HCCH, sur les pratiques d’adoption illicites. Parlant couramment l’anglais, le français et le philippin, elle apporte ses compétences en leadership, en gestion de projet et en recherche, afin d’assurer le succès concret de ce projet.

Philip Jaffé - Professeur titulaire au Centre d’études sur les droits de l’enfant de l’Université de Genève (Campus Valais, Sion), il est également membre du Comité des droits de l’enfant des Nations Unies. Il est impliqué dans la recherche, l’enseignement et le plaidoyer dans le domaine des droits de l’enfant et de la protection des enfants depuis plusieurs décennies. Plus récemment, il est co-responsable de la recherche Cottier (voir ci-dessous) et est actuellement responsable d’une évaluation intermédiaire de la réforme de la protection de l’enfance du canton de Neuchâtel. Sa vaste expérience des droits de l’enfant et de la psychologie assurera une approche interdisciplinaire de la méthodologie de recherche, des recommandations et des résultats.



PARTENAIRES DE RECHERCHE

Patricia Fronek – School of Human Services and Social Work, Griffith University, Australie. Experte internationale, elle apporte son expertise en gestion de projet, en recherche qualitative et méthodes de recherche mixtes, et une longue expérience de recherche et de pratique dans l’adoption internationale et nationale, de même que dans le domaine de la prise en charge alternative dans des contextes internationaux, d’un point de vue de justice sociale et droits de l’homme. Elle a travaillé en étroite collaboration avec des personnes qui ont subi des pratiques coercitives, y compris des familles et des adultes adoptés, et a formé des praticiens dans ces domaines.

David Smolin – Professeur de droit à l’Université Samford, il est considéré comme un chef de file mondial sur le sujet des adoptions illégales, comprenant des pratiques coercitives, à la lumière des normes internationales. Il a été expert indépendant pour la Conférence de La Haye de droit international privé (HCCH) sur les questions relatives aux adoptions internationales et a été expert externe pour le SSI/CIR. Il a rédigé de nombreuses publications sur les adoptions illégales, avec un intérêt particulier pour l’Inde, principal État d’origine de la Suisse.
CONSEIL CONSULTATIF
Cette recherche interdisciplinaire s’appuiera sur l’expérience des membres de l’équipe en matière d’adoption et de prise en charge alternative et veillera à assurer d’un impact au-delà de la période du projet. Cet engagement se manifeste par la création du Conseil consultatif: les conseils des experts accompagneront toutes les étapes du projet dont sa mise en œuvre, sa diffusion et ses diverses révisions.

Gaëlle Aeby est titulaire d’un doctorat en sciences sociales, collaboratrice scientifique à l’Université de Genève et adjointe scientifique à la Haute école de travail social de Genève. Elle est actuellement impliquée dans la recherche Cottier (voir ci-dessous) sur la manière dont les enfants et les parents vivent et comprennent les actions des autorités de protection de l’enfant (APEA) et comment ils y réagissent. Elle a récemment obtenu la conduite d’un projet sur les familles d’accueil (Fondation Palatin). Auparavant, elle a effectué une recherche sur le placement familial à Genève et sur la transition à l’âge adulte après un placement en famille d’accueil ou en foyer. Elle s’intéresse vivement aux conceptions de recherche novatrices combinant des méthodes quantitatives et qualitatives et la recherche interdisciplinaire.



Nigel Cantwell - consultant basé à Genève dans le domaine des politiques de protection de l’enfance, il apporte au projet son expérience internationale de plus de 40 ans. Il a coordonné les contributions de la société civile à la rédaction de la Convention relative aux droits de l’enfant dans les années 1980. Plus tard, au Centre de recherche Innocenti de l’UNICEF, il a dirigé l’analyse des questions de protection de l’enfance durant six ans, puis est devenu consultant principal pour l’élaboration des Lignes directrices des Nations Unies pour la protection de remplacement des enfants. Il est expert auprès de l’UNICEF sur les questions de droits de l’enfant liées aux adoptions internationales. En 2017, l’Université de Strathclyde lui a décerné un doctorat honorifique en reconnaissance de son travail.


